Épisode 6 : “Pourquoi j’ai décidé de ne pas faire de donation à mon fils (pour le moment)”

Le journal de Mathilde : chronique d’une émancipation financière

Je me sentais prête. Après toutes ces semaines à reprendre en main mes finances, à explorer mes options, à consulter Virginie puis le notaire… il était temps d’en parler à Antoine, mon fils.

Nous nous sommes retrouvés un dimanche, comme souvent. Il a apporté des croissants et moi, j’avais fait du café. Il a tout de suite remarqué mon carnet ouvert sur la table.

— Tu prépares une nouvelle réunion du conseil d’administration ? a-t-il plaisanté.

— Presque ! Je fais le point sur mon patrimoine.

Il a souri, un peu surpris. Et moi, j’ai plongé.

Je lui ai parlé de tout ce que j’avais appris. Du rendez-vous avec Virginie, des explications du notaire. De la question de la donation de la nue-propriété. Je lui ai dit que c’était possible… mais que ça n’était pas sans conséquences.

Antoine m’a écoutée attentivement. Puis il m’a rassurée.

— Maman, je n’ai pas besoin de cet argent maintenant. Mon travail marche bien, j’ai acheté mon appartement, je suis à l’aise. Ce que je veux, c’est que tu sois libre. Et sereine.

Ces mots m’ont soulagée. Parce qu’ils n’étaient pas une réponse de façade. Il pensait vraiment ce qu’il disait. Ça change tout.

Je choisis de ne rien transmettre. Pour le moment.

J’ai donc pris une décision : je ne ferai pas de donation pour l’instant.

D’abord, parce que je veux assurer mes arrières financièrement. Si je veux, dans quelques années, entrer en résidence services senior — j’y pense de plus en plus, notamment pour me rapprocher d’amis comme Henri —, je devrai financer ce changement de vie qui coûte cher. Mon appartement est mon capital.

Antoine détient déjà la nue-propriété de la moitié de mon bien (par la succession de son père). Nous sommes donc déjà liés pour une éventuelle vente. Mais je préfère conserver la pleine propriété de ma moitié.

C’est une sécurité essentielle : si nous vendons l’appartement demain, je récupérerai ainsi 100 % de la valeur de ma part. Si je lui donnais la nue-propriété aujourd'hui, je ne récupérerai que la valeur de mon usufruit (qui diminue avec l'âge), et cela risquerait d'être insuffisant pour payer ma maison de retraite. Je veux pouvoir assumer mes choix futurs sans peser financièrement sur lui.

Ne rien faire, ce n’est pas fuir la question. C’est choisir de rester autonome financièrement, aujourd’hui. Et cela me donne le temps de voir venir, de faire évoluer mes choix si nécessaire.

Mais pour ne pas laisser le hasard décider, j’ai quand même voulu mettre une chose en place.

Le mandat de protection future, un outil pour protéger… en douceur

C’est Virginie qui m’en avait parlé. Un jour, en conclusion d’un rendez-vous, elle m’a dit :

— Vous avancez très bien. Et tant que vous avez la tête sur les épaules, c’est le bon moment pour réfléchir à une chose : que se passera-t-il si, un jour, vous ne pouvez plus décider seule ?

C’est là qu’intervient le mandat de protection future.

Elle avait raison. Mieux vaut prévoir tant qu’on est lucide.

J’ai donc demandé à mon notaire de rédiger ce mandat. Nous nous sommes retrouvés à trois : lui, Antoine et moi. (C’était deux semaines plus tard, j’avance un peu 🙂)

Il nous a expliqué très clairement les choses :

— Le mandat de protection future permet d’anticiper une perte d’autonomie, qu’elle soit liée à la santé, à l’âge, à une maladie. Il permet de désigner une personne de confiance — en l’occurrence votre fils — qui pourra, le jour venu, prendre des décisions à votre place, selon les règles que vous fixez aujourd’hui.

Le mandat ne s’appliquera que si un médecin atteste que je ne suis plus en mesure de gérer mes affaires moi-même. En attendant, rien ne change. Et je peux le modifier ou le révoquer tant que je suis en capacité de le faire.

J’ai choisi d’accorder à Antoine un mandat étendu : il pourra gérer mon appartement, mes finances, et même certaines décisions de santé, toujours dans le respect de mes volontés.

Le notaire a insisté sur l’importance de bien rédiger les clauses, et Antoine a été très à l’écoute. Ce moment m’a émue. On dit souvent que la vieillesse, c’est perdre le contrôle. Ce jour-là, j’ai eu le sentiment de le reprendre.

Préparer. Sans précipiter.

En sortant de l’étude, je me suis sentie légère.

Je n’ai pas transmis. Pas encore. Mais j’ai tout prévu. Et c’est peut-être le plus important. Pour moi. Pour Antoine. Pour la suite.

J’ai rayé une ligne importante de ma liste. Je sais que le sujet reviendra. Que je devrai ajuster mes choix avec le temps. Mais aujourd’hui, j’ai fait ce qu’il fallait.

Le carnet est refermé pour ce soir. Mais le chemin continue.

À suivre.


👉 Abonnez-vous ici pour ne pas manquer la suite de l’histoire !


📝 À savoir : Mandat de protection future & Contrat Prosper

🔹 Qu’est-ce qu’un mandat de protection future ?

C’est un contrat notarié qui vous permet d’anticiper une éventuelle perte d’autonomie (accident, maladie, affaiblissement lié à l’âge…), en désignant à l’avance une ou plusieurs personnes de confiance qui agiront en votre nom, uniquement si vous n’êtes plus en mesure de le faire vous-même.

🔹 Qui peut être désigné comme mandataire ?

Toute personne majeure en qui vous avez confiance : souvent un enfant, un conjoint, ou un proche. Il peut aussi s’agir d’un professionnel. Le mandat précise les pouvoirs confiés : gestion financière, actes patrimoniaux, etc.

🔹 Le mandat s’applique-t-il immédiatement ?

Non. Il n’entre en vigueur que si votre état de santé le justifie, et après constat médical. C’est donc préventif, pas immédiat, contrairement à une procuration.

🔹 Pourquoi le faire chez un notaire ?

Il est possible de faire un mandat sous seing privé, mais le mandat notarié permet d’inclure la gestion du patrimoine immobilier (vente, location, etc.) et donne plus de sécurité juridique.

🔹 Qu’est-ce que le Contrat Prosper (vente partielle) ?

C’est une solution proposée par Merci Prosper, qui permet de vendre une part de son logement tout en continuant à y vivre.

Vous vendez, par exemple, 30 à 50 % de votre logement, à un prix du marché, devant notaire. En échange, vous percevez un capital ou des mensualités, tout en restant pleinement chez vous. Vous ne devez rien à personne : ce n’est ni un viager, ni une dette.

En savoir plus

🔹 Qu’est-ce que ça change pour l’avenir ?

Vous conservez votre part du bien. Et au bout de 10 ans :

  • Vous pouvez vendre le bien entièrement,

  • Ou racheter la part cédée,

  • Ou rester, avec une indemnité d’occupation, sorte de “loyer” différé qui ne sera dû qu’à la revente future du logement.

🔹 Est-ce compatible avec un mandat de protection future ?

Oui. Le mandat peut prévoir comment sera gérée la part restante du bien, au cas où vous ne pourriez plus décider seule. C’est un bon moyen d’éviter les blocages ou les conflits à un moment délicat.

Suivant
Suivant

Vente partielle : le plaisir de vivre à nouveau pour Aimée à l'Île de Ré.