Épisode 4 : « Faire des travaux ou déménager ? Le dilemme du lieu de vie après 70 ans »
Le journal de Mathilde : chronique d’une émancipation financière
Quand Monsieur Lemoine, mon banquier, m’a recommandé de rencontrer Virginie Nacci, une spécialiste de l’accompagnement patrimonial des retraités, je ne savais pas trop quoi penser. J’avais à peine commencé à maîtriser mon budget et voilà qu’on me parlait déjà de patrimoine, de transmission, de projection résidentielle… des notions intimidantes, surtout après toutes ces années où je n’avais rien géré moi-même.
Mais quelque chose avait changé en moi. J’avais franchi plusieurs paliers ces derniers temps (lire les épisodes précédents). Alors pourquoi ne pas continuer ? « On avance à mon rythme, mais on avance », avais-je noté dans mon carnet, après avoir fixé le rendez-vous avec Virginie.
Une rencontre rassurante à domicile
Elle avait insisté pour venir directement chez moi, ce qui m’a agréablement surprise. « Je préfère voir les lieux dont on parle, c’est important pour mieux vous conseiller », m’a-t-elle expliqué en arrivant avec un sourire chaleureux.
Nous avons fait un tour rapide de mon appartement duplex, Virginie s'arrêtant sur certains détails : les escaliers devenus raides, la salle de bain spacieuse mais peu pratique avec cette baignoire à enjamber, et quelques autres petits signes qui montraient que l'appartement pouvait devenir moins pratique avec l'âge.
— Mathilde, vous aimez cet appartement, et il est clair qu’il est plein de souvenirs, m’a dit Virginie en s’installant avec moi au salon. Mais avez-vous déjà envisagé de l’adapter davantage à vos besoins ?
— Vous pensez à quoi exactement ? ai-je demandé curieuse.
— Par exemple, installer un ascenseur privatif ou un monte-escalier, refaire complètement la salle de bain pour la rendre plus accessible et sécurisée… Mais cela a un coût important.
J’ai acquiescé, inquiète de savoir combien cela pourrait coûter.
Option 1 : Financer des travaux d'adaptation
Virginie a sorti quelques notes :
— Pour l’installation d’un ascenseur privatif et la rénovation complète de votre salle de bain, comptez entre 20 000 € et 40 000 €. Il existe des aides, comme MaPrimeAdapt’, mais vos revenus semblent trop élevés pour y prétendre. De même, votre excellent niveau d’autonomie ne vous permet pas d’obtenir l’APA ou des aides spécifiques de votre mutuelle ou de votre caisse de retraite.
Elle a marqué une pause avant d’ajouter :
— Cependant, vous pourriez envisager d’autres solutions de financement, comme la monétisation partielle de votre patrimoine.
— Qu’est-ce que vous entendez par là exactement ? ai-je demandé.
Virginie a pris le temps de m’expliquer :
— Vous avez par exemple le Contrat Prosper ou le prêt viager hypothécaire. Dans les deux cas, vous utilisez une partie de la valeur de votre appartement pour financer les travaux, tout en restant chez vous. Le Contrat Prosper vous permet de recevoir une somme en échange d'une part de propriété. C’est une vente partie partielle en indivision conventionnelle, signée devant notaire. Avec le prêt viager hypothécaire, vous recevez également une somme que vous remboursez au moment de la vente du logement. Cependant, il est important de bien calculer : garder un prêt viager hypothécaire trop longtemps peut coûter cher à cause des intérêts cumulés. Si vous envisagez une revente d’ici 10 à 15 ans maximum, ces solutions restent envisageables et pertinentes dans votre cas.
Elle m’a regardée avec douceur, consciente que ces options étaient nouvelles pour moi.
— L’autre solution serait de ne pas engager ces travaux coûteux, mais plutôt de préparer sereinement un déménagement dans les deux ou trois ans. Cette solution a l’avantage de vous permettre de choisir tranquillement un lieu de vie parfaitement adapté à vos besoins, sans précipitation.
Option 2 : Envisager un déménagement serein
— Mais financièrement, je ne peux pas acheter autre chose avant d’avoir vendu cet appartement, comment puis-je envisager cela sans me retrouver sans toit temporairement ?
— C’est là que le financement achat-vente entre en jeu. Vous pouvez acheter votre futur logement d’abord, par exemple un appartement parfaitement adapté dans le 1er ou 2ème arrondissement que vous connaissez bien, grâce à un prêt relais sans assurance. Vous ne déménagez qu’une seule fois, évitant ainsi les frais inutiles d’un logement temporaire, d’un garde-meuble, ou de locations temporaires, coûteuses et peu pratiques.
— Encore faut-il trouver un logement qui soit bien adapté dès le départ, m’interrogeai-je à voix haute.
— Vous savez, la plupart des logements neufs ou récents sont maintenant bien adaptés. Mais vous pourriez aussi envisager une résidence services senior. Cela vous apporterait un cadre rassurant, convivial, tout en restant très indépendante. Financièrement, les résidences services offrent des options intéressantes, en achat ou en location, et vous permettent de choisir selon vos préférences et votre situation financière.
J’ai pensé à Henri, notre ami de longue date, qui s’était installé dans une résidence service où il semblait particulièrement heureux et entouré. D’ailleurs, cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu, j’irai lui rendre visite dans la semaine.
D’abord faire le point
— Avant toute décision, et pour vous conseiller au mieux, j’ai besoin de faire un bilan complet de votre situation patrimoniale, et connaître notamment toutes vos ressources (retraite, immobilier, argent sur vos comptes, assurances-vie, etc.).
Nous avons poursuivi l’entretien en remplissant ensemble les premières lignes de la fiche patrimoine et parcours résidentiel. Un plan simple mais clair :
Un premier bilan patrimonial précis,
Une estimation de la valeur de mon appartement,
Un début de réflexion sur mes vrais projets et priorités.
Virginie a conclu :
— Je vous laisse le temps de mûrir vos projets et envies pour les prochaines années. Notez tout, parlez-en à votre entourage si besoin, et surtout écoutez votre cœur ! Dans un second rendez-vous, nous ferons le point sur tout cela et aborderons également les stratégies de transmission. D’ici là, il serait judicieux de rencontrer votre notaire pour vérifier si votre mari avait pris des dispositions particulières sur ce sujet.
Je suis ressortie de ce rendez-vous avec un sentiment nouveau, léger, et surtout, serein. J’avais désormais plusieurs options sur la table, et le plus important : je n’avais pas besoin de choisir immédiatement, mais seulement d’anticiper.
Prochaine étape, rencontrer mon notaire. Je le connais peu finalement, l’avais « croisé » après le décès de mon mari et je n’avais alors pas les idées très claires. Mais Virginie m’a dit qu’il est très courant, normal et même gratuit de solliciter son notaire pour un entretien, même en dehors du cadre d’un acte notarié particulier. J’appellerai demain.
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Ce soir-là, j’ai écrit une pensée dans mon carnet : « Pendant des années, cet appartement m’a abritée, et j’arrive au stade où il peut représenter un poids ou, au contraire, une ressource pour demain. Je le regarde autrement, avec plus de recul mais aussi plus de tendresse. À moi maintenant de décider. »
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