Épisode 3 : « Ma première vraie conversation avec mon banquier »
Le journal de Mathilde : chronique d’une émancipation financière
(Si vous ne les avez pas lus, voici les épisodes 1 et 2 )
Je n’étais pas totalement rassurée en passant la porte de l’agence bancaire ce matin-là. J’avais pris rendez-vous quelques jours plus tôt, après avoir enfin fait mon premier budget dans mon carnet. J'avais besoin d’y voir plus clair. Et surtout, j’avais envie de faire valider mes calculs. Ce rendez-vous, je l’avais longtemps repoussé. Mais à présent, je voulais comprendre.
L’agence n’avait pas changé. Toujours les mêmes fauteuils gris, la même odeur tiède d’imprimé et de moquette propre. Je me suis surprise à me redresser sur ma chaise en attendant qu’on m’appelle, comme une écolière avant un oral. Puis j’ai entendu :
— Madame Chevalier ?
Je me suis levée. Le banquier m’a accueillie avec un large sourire, un peu surpris mais sincèrement aimable.
— Enchanté. Je suis Monsieur Lemoine. Je connaissais très bien votre mari. Un monsieur très rigoureux… et un peu pointilleux aussi, avouons-le ! Il m’a souvent parlé de vous. Il disait toujours en souriant : « Je m’occupe de gérer l’argent, elle s’occupe de le dépenser. Mais on s’occupe tous les deux de le gagner. »
J’ai éclaté de rire. C’était exactement lui. Et c’était vrai. J’avais longtemps tenu un petit pressing dans le quartier, rue Bellecordière. J’aimais mon métier. J’aimais accueillir les gens, soigner les tissus. Mon mari gérait les comptes. Moi, je faisais tourner la boutique. On était un duo.
Je me suis installée face à Monsieur Lemoine, un peu plus détendue.
1. Comprendre les frais sans rougir
Il a commencé par faire une revue simple de mes comptes. Ensemble, on a regardé les frais liés à ma carte bancaire. J’avais une carte « haut de gamme » que nous avions prise il y a des années. Elle coûtait près de 150 € par an. Il m’a proposé une alternative plus simple et tout aussi adaptée à mes besoins actuels : une carte classique avec des plafonds ajustables. Moins chère, plus souple.
Nous avons ensuite abordé les frais de découvert autorisé : je ne savais même pas que j’étais facturée automatiquement quand je dépassais un certain seuil, même brièvement. Puis les frais d’opération manuelle : virement en agence, retraits à l’étranger, émission de chèques de banque. Beaucoup de petites lignes qui, mises bout à bout, faisaient une somme non négligeable.
Il m’a ensuite proposé une mini démonstration de la plateforme internet et de l’application mobile de la banque. C’était simple, clair, presque agréable. Je pouvais consulter mes comptes, faire des virements, fixer des alertes. J’ai noté toutes les étapes dans mon carnet.
— Et justement, ai-je dit en souriant, j’ai quelque chose à vous montrer.
J’ai ouvert mon carnet à la page soigneusement préparée. Mon tout premier budget.
— J’ai fait ça toute seule, après un webinaire et quelques lectures. J’aimerais avoir votre avis. Juste pour savoir si c’est cohérent.
Il a pris le temps de lire, colonne par colonne. J’ai observé son visage, à l’affût d’un froncement de sourcil ou d’un haussement d’épaule. Mais il a souri :
— Franchement ? C’est juste. Et très bien pensé. Vous avez intégré l’épargne, les charges fixes, les postes variables… On va pouvoir avancer à partir de là. Bravo.
Je crois que je n’avais pas entendu ce mot-là depuis longtemps. Bravo. C’était simple, mais ça m’a fait un bien fou.
2. Quels comptes pour quelle utilité ?
On a repris, ensemble, l’inventaire de mes produits bancaires. J’avais bien sûr un compte courant, indispensable pour recevoir ma retraite et faire mes paiements. J’avais aussi un Livret A, à moitié rempli, que je n’avais jamais vraiment compris.
Monsieur Lemoine m’a expliqué calmement les différences entre les produits d’épargne :
Le Livret A : défiscalisé, totalement liquide, plafonné à 22 950 € et rémunéré à un taux de 3 % net d'impôt (en 2025). Il permet de placer une épargne disponible à tout moment, sans risque, mais son rendement reste modeste comparé à d'autres produits.
Le PEL : intéressant pour préparer un projet immobilier, avec un taux fixé à 2,25 % brut pour les plans ouverts en 2025, plafonné à 61 200 € hors intérêts. Les fonds sont bloqués pendant au moins 4 ans, et les intérêts deviennent fiscalisés au-delà de 12 ans. Pas très utile dans ma situation actuelle, mais à connaître.
Le LDD : un complément du Livret A, plafonné à 12 000 € et rémunéré à 3 % net d'impôt en 2025. Il bénéficie des mêmes avantages fiscaux et permet d’épargner en toute sécurité, avec une disponibilité immédiate des fonds.
Il m’a également présenté d’autres produits, mais m’a vite indiqué lesquels n’étaient pas adaptés à mon profil :
— Vous n’avez pas besoin d’un PEA ou d’une assurance-vie en unités de compte. Trop risqué, trop long terme. Et je ne vous parlerai pas non plus de placements dynamiques. On va d’abord sécuriser ce qui doit l’être.
Je me suis sentie écoutée. Pas poussée. Et surtout : prise au sérieux.
Nous avons réfléchi ensemble à l’allocation de mon épargne. Grâce à mon budget, je savais combien je pouvais mettre de côté chaque mois. Il m’a proposé de répartir mes réserves en deux poches :
Une épargne de précaution, disponible rapidement, sur un livret ou un compte à terme souple.
Une part dédiée à de futurs placements, pour faire un peu mieux que 2 % par an, mais sans prendre de risques inconsidérés.
Pour cette seconde poche, il m’a conseillé de rencontrer une collègue spécialisée.
3. Une nouvelle rencontre à venir
— Je vous propose de prendre rendez-vous avec Virginie Nacci, conseillère patrimoniale avec qui nous travaillons régulièrement. Elle est vraiment à l’écoute, et elle travaille justement beaucoup avec des retraités. Elle pourra vous accompagner plus loin sur les sujets de :
Valorisation de votre appartement (que vous occupez toujours),
Optimisation de votre épargne et de vos placements,
Anticipation de votre succession, ou même d’un changement de lieu de vie si un jour vous le souhaitez.
J’ai hésité un instant. Mais au fond, je savais que c’était la bonne suite. Je ne voulais plus être dans l’attente. Je voulais construire quelque chose.
J’ai décidé de prendre rendez-vous avec Madame Nacci.
(Je vous parlerai de ce rendez-vous dans le prochain épisode. 👉 Abonnez-vous ici pour ne pas le manquer.)
En sortant de la banque, mon carnet serré contre moi, j’ai respiré profondément. J’avais affronté une peur. Et cette peur s’était transformée en fierté.
Mon mari s’occupait des chiffres. Moi, des gens.
Aujourd’hui, j’apprends à m’occuper des deux.
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